Avant les dernières élections présidentielles et législatives en 2012, l’actuel président et le parti socialiste s’étaient engagés sur une simplification des procédures de changement d’état civil pour un accès dégagé des conditions de traitement médical et notamment de stérilisation. Depuis que s’est-il passé ? Rien !
Ah, si, à l’automne 2012, les associations trans, de lutte contre le sida et de défense des droits humains ont été auditionnées par le gouvernement, pour aboutir à d’évidentes conclusions : la lutte contre la transphobie doit être une priorité, la dépsychiatrisation effective des transidentités est urgente, et la procédure de changement d’état civil doit être accessible rapidement, gratuitement et sans justifications médicales, à toute personne qui en exprime le besoin pour justifier de son identité et faciliter sa vie sociale et professionnelle. Mais depuis que s’est-il passé ? Rien !
Pour lutter contre la transphobie, nous avons besoin de toute urgence d’une éducation au genre et à ses enjeux, pour comprendre et lutter contre les rôles sociaux stéréotypés dans lesquels on voudrait nous enfermer, pour comprendre et lutter contre les rapports de pouvoir, les oppressions et les discriminations qu’ils produisent, pour comprendre et lutter contre la violente normalisation des corps, des identités et des sexualités que subissent avec force les personnes trans, pour apprendre aux enfants la diversité du sexe, du genre, la diversité de nos corps, de nos sexualités et de nos identités, et que peut-être les enfants, adolescents, et adultes trans se sentent moins seulEs au monde, plus fierEs, plus libres, et que leur entourage les accueillent, les respectent et les soutiennent simplement.
Mais que fait le gouvernement ? Il rend tabou le mot « genre », et plie devant les intimidations des forces les plus réactionnaires, sans aucune considération pour les femmes, les lesbiennes, les intersexes, sans considération pour les personnes trans enfermées, isolées, psychiatrisées, discriminées, précarisées, stérilisées, violentées, suicidées, contaminées, assassinées.
Et que dire des pathétiques reculades sur l’ouverture de la PMA à touTEs, la reconnaissance et la protection de toutes nos filiations dès la naissance, qui concernent bon nombre de personne trans ? Combien d’entre nous n’avons pas eu le droit de conserver nos gamètes, avons été stériliséEs pour obtenir nos papiers, et restons des parents invisibles et précaires, parfois coupés brutalement de toute relation avec nos enfants, par la faute de renoncements guidés par des considérations homophobes et transphobes ?
Pour protéger les plus vulnérables d’entre nous, à l’intersection de multiples discriminations et oppressions, nous avons besoin d’accueillir et protéger les personnes trans migrantes au lieu de fermer toujours plus les frontières en les forçant à la clandestinité et à la précarité, nous avons besoin de lutter réellement contre le racisme au lieu de l’encourager dans des élans de démagogie irresponsables, nous avons besoin de renforcer la solidarité sociale avec les plus pauvres d’entre nous au lieu de la démanteler, nous avons besoin de soutenir les personnes qui n’ont que le travail du sexe pour survivre au lieu de leur rendre la vie plus impossible et vulnérable que jamais à force de lois hypocrites qui les renvoient loin de vos regards, encore une fois dans la clandestinité et la précarité.
Deux ans après ces élections et toutes les promesses non tenues, nous n’avons qu’un message à faire passer au président, au gouvernement, aux parlementaires : la lutte contre la transphobie est un enjeu prioritaire de santé publique, vous êtes entièrement responsables de cette situation catastrophique, et s’il vous reste ne serait-ce qu’un soupçon de fierté, puisque c’est de saison, il ne tient qu’à vous de prendre les mesures qui s’imposent et mettre fin à la transphobie d’état !
Et en attendant, il ne tient qu’à nous de prendre soin de nous et de poursuivre nos combats tant qu’il nous reste encore un peu d’énergie, et beaucoup de colère…