Communiqué de presse CST + – 1er décembre 2013

Aujourd’hui, 1er décembre 2013, journée internationale de la lutte contre le VIH et les Hépatites, le Collectif Santé Trans + tient à rappeler l’urgence que l’ensemble des Trans, leurs partenaires et leurs alliéEs développent, diffusentet luttent ensemble pour la circulation de nos propres savoirs sur notre santé. CST+ entend promouvoir  un meilleur accès au droit et à la santé pour notre communauté et lutter contre les dispositifs institutionnels transphobes qui sont des freins pour notre accès aux soins.

Nous devons, sans plus attendre, mettre en place des discours positifs sur notre santé, nos sexualités et nos réalités sociales, nous permettant de nous informer ainsi que l’ensemble du corps médical, les politiques publiques et les partenaires institutionnels, nous garantissant alors des conditions d’existence dignes. Il est urgent de considérer nos besoins et non les problèmes que la psychiatrie ou l’Etat désignent dans les transidentités, en travaillant à la mutualisation des savoirs, des pratiques et des expertises des personnes directement concernées. C’est dans cet esprit que CST+ défend une approche féministe de la santé sexuelle qui prend en compte l’environnement despersonnes, qui respecte et soutient toutes les identités, toutes les sexualités dans les communautés T contre les oppressions liées à l’hétérosexisme, et qui se préoccupe du bien être sexuel en soutenant une parole « à la première personne ».

Lutter contre la transphobie – qu’elle vienne de l’Etat, de nos employeurs, de nos familles, de nos partenaires, de nos clients – fait partie de la lutte contre l’épidémie au VIH et aux Hépatites. Ce n’est qu’en la combattant que nous permettrons un meilleur dialogue sur le VIH, et donc, une  prévention adaptée aux pratiques, aux envies, aux statuts sérologiques et aux corps de chacun-e-s quelque soit son parcours de transitions ou sa trajectoire de vie. Lutter contre lesdiscriminations et les violences transphobes, c’est d’abord lutter contre la pathologisation et la psychiatrisation des transidentités, principales violences responsables d’une mauvaise estime de soi et qui mettent en danger la santé des personnes trans. C’est lutter contre le conditionnement médico-légal de parcours de vieréduits à un « changement de sexe » en décorrélant changement d’état civil et conversion sexuée. C’est protéger les personnes quelque soit leurparcours, leur nationalité, leur travail, et lutter pour la libre détermination de nos identités et la libre disposition de nos corps.

Nous souhaitons également réaffirmer notre  entier soutien à nos sœurs trans et travailleuses du sexe, car ce sont elles les plus touchées par le VIH. Sil’ensemble de notre communauté est fortement touchée, nous refusons d’aplanir nos différences et de ne pas reconnaître les spécificités des différents groupes qui la composent.

L’accès à nos droits est déterminant pour nous permettre un accès à la prévention, aux soins, et à la santé globale, notammentpour les personnes les plus vulnérables de notre communauté (trans migrantes,trans travailleuses du sexe, trans en prison, …).

A l’heure où le gouvernement revient sur ses promesses faites à l’ensemble de la communauté LGBT où les T n’ont eu AUCUN espace de parole et de revendication, CST+ exige que soit remis à l’ordre du jour de l’agenda politique les questions nous concernant :

  • L’instauration d’un accès rapide, libre et gratuit au changement d’état civil dès que la personne en fait la demande, par une procédure administrative ENTIEREMENT déjudiciarisée et démédicalisée.
  • La réouverture du groupe de travail à la DGOS sur les questions de santé et de prise en charge des personnes trans et d’être inclus comme interlocuteur.
  • La mise en place d’actions de prévention pour la santé sexuelle et de lutte contre leVIH/Sida/hépatites adaptées aux personnes trans et à leurs partenaires.
  • Le remplacement de “l’identité sexuelle“ par “l’identité de genre“ dans les critères de discrimination en assurant l’effectivité du droit : la non reconnaissance du prénom et genre d’usage adoptés par les personnes doit être prise en compte comme discrimination tout comme le refus d’accès aux soins, sous l’excuse de l’ignorance des médecins qui renvoient les Trans aux compétences prétendues d’autres médecins dont les protocoles psychiatrisants et discriminants ne respectent pas le libre consentement des personnes.
  • La mise en œuvre des dispositifs de formation et des campagnes de communication contre la transphobie (discriminations liées à l’identité de genre)
  • La promotion et le respect d’un suivi médical sur la base du consentement éclairé et du libre choix du ou des médecins pour lapersonne trans usagerE de soins, et une prise en charge des demandes de traitements adaptée à la diversité des parcours trans, ce qui implique :
  1. 1. l’arrêt immédiat des stérilisations forcées pour accéder au changement d’état civil ;
  2. 2. l’arrêt immédiat des opérations et des mutilations sur les enfants intersexes ;
  3. 3. l’accompagnement à l’auto détermination des enfants trans, et intersexes et l’accompagnement de leurs parents ;
  4. 4. le démantèlement des équipes et protocoles hospitaliers et la formation des médecins et chirurgiens français pour un suivi médical de qualité, respectueux et dépsychiatrisé en partenariat avec les associations de terrain ;
  5. 5. le financement de la recherche sur la santé des personnes trans et intersexes et de leurs partenaires (VIH/sida, hépatites, IST, effets des traitements à long terme, interactions médicamenteuses ARV/Hormones)

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