(Discours prononcé le 29 juin 2024)
Nous sommes l’association OUTrans, une association féministe d’autosupport trans créée à Paris il y a 15 ans et qui oeuvre pour les droits des personnes trans que nous sommes.
Aujourd’hui, les transidentités sont au cœur des enjeux LGBTQIA+. On devrait s’en réjouir tant nous avons des droits à acquérir ou à consolider. Nous devrions être réuni.es pour célébrer ou obtenir
- un droit inconditionnel d’accès à une santé inclusive,
- la disponibilité des hormones injectables prises en charge par la sécu,
- des jours de blocs suffisant à l’hôpital public,
- la suppression du genre à l’état-civil ou, tout le moins, sa modification sur simple déclaration en mairie,
- la clarification de l’accès à la parentalité et à la filiation,
- une lutte sans faille contre la remise en question de l’identité de genre et les actes de haine,
- la protection des personnes trans, adultes et mineures, contre la vulnérabilisation que nous subisson.
Au lieu de ça, nous sommes au cœur de campagnes anti-trans qui passent par des livres ignobles dont les autrices sont soutenues par la ministre en charge des discriminations. Nous sommes à un mois d’un vote en première lecture au Sénat d’une proposition de loi idéologique, transphobe, qui vise à interdire et condamner les transitions de genre pour les personnes trans mineures.
Nous sommes à la veille d’une élection provoquée pour faire un marche-pied à l’extrême droite par un président qui n’hésite pas à faire peur avec nos vies. Ainsi donc, modifier notre état-civil par simple déclaration en mairie serait “Ubuesque”.
Ce qui est ubuesque, c’est un président qui divise et utilise les transidentités comme repoussoir alors qu’il devrait au contraire nous protéger.
Ce qui est ubuesque, c’est un président qui considère que cette modification représenterait un changement de civilisation. Quelle est sa civilisation ?
Dans la notre, le Défenseur des droits demande cette possibilité depuis 2016.
Dans la notre, nous sommes dans une Europe des droits humains qui, de la Cour Européenne des Droits Humains aux exemples de tous les pays voisins (sauf l’Italie), reconnaît le droit à l’autodétermination.
Ce qui est ubuesque, c’est un président qui se voulait comme le rempart contre l’extrême droite mais qui promeut leur modèle de civilisation. Celle de la haine, de l’affrontement, des discriminations, de l’attaque contre nos droits…
Car non, ce n’est pas anodin de porter l’extrême droite au pouvoir.
Avec Bardella à Matignon, les ministères seront dirigés par des équipes clairement transphobes. Sous prétexte de chasse au wokisme, les faibles droits que nous avons seront balayés. Avec SOS Éducation ou ses allié.es au ministère de l’Education nationale, pas besoin de loi pour interdire la reconnaissance de l’identité de genre dans les écoles, pour supprimer les rares interventions des associations LGBTQIA+, pour supprimer toute référence au genre ou à l’orientation sexuelle dans les programmes.
Pas besoin de loi pour que les agressions transphobes, déjà largement impunies, explosent sans aucune condamnation des forces de l’ordre dont beaucoup seront même les auteurices.
Pas besoin de loi pour supprimer les subventions aux associations LGBTQIA+ qui soutiennent la diversité de genre.
Pas besoin de loi pour entériner une santé qui exclut les personnes trans.
Alors demain, et dimanche prochain, aucune voix au RN, aucune voix à la transphobie, faisons front populaire.
Nos vies sont en jeu.
Tous les jours, nous, personnes trans subissons des agressions. Elles nous atteignent. Faisons en sorte qu’elles nous renforcent. Pour montrer à toustes que ces attaques sont réelles, nous vous invitons à mettre un genou à terre.
Mais, ensemble, nous résistons. Aujourd’hui, comme nous le ferons toujours. Alors levons le poing pour montrer notre détermination.
Et face à la transphobie, nous vous invitons à faire revivre une tradition de OUTrans depuis sa création. Celle de crier contre la transphobie face au silence des médias, des institutions et de la société. Il est temps de se faire entendre. Alors à mon signal (afin que les personnes sensibles puissent se préparer) ensemble, poussons un cri contre la transphobie, et renouvelons le, tout au long de la marche, toutes les heures.
3, 2, 1 AAAAAHHHHH