COMMUNIQUÉ DE PRESSE – MARDI 9 AVRIL 2019
Dimanche 31 mars, c’était la journée mondiale pour la visibilité des personnes trans.
Paradoxalement ce même jour, Julia a été agressée en sortant du métro par une horde d’hommes transphobes, en France, en 2019.
La vidéo de cet acte a été largement reprise par les réseaux sociaux puis les média traditionnels, s’indignant qu’autant de violence puisse se déchaîner sur une personne trans. Cet éveil est révélateur du peu d’intérêt porté à la transphobie, quelque soit sa forme et de l’ignorance de la réalité de la vie des personnes trans.
Le rapport « Transphobie » de 2014, initié et porté par le comité Idaho France indiquait que 85% personnes interviewées avaient été victimes de discrimination dans divers lieux de la vie courante et dans les institutions. Près de 95% d’entre eux n’avaient jamais porté plainte lors des violences. Ce qui démontre à quel point la transphobie s’est normalisée, même pour les personnes trans, et à quelle point la violence et la peur se sont installées dans leur quotidien y compris à l’égard des institutions censées prendre en charge l’accompagnement des victimes.
Nous nous félicitons du nombre de réactions publiques condamnant cette agression odieuse. Cependant, la transphobie ne se résume pas aux agressions physiques et verbales. La transphobie est aussi une discrimination institutionnelle, qui cautionne la transphobie du quotidien. Les personnes trans doivent encore recevoir l’aval d’un juge pour changer leur état civil, malgré les demandes continues des associations trans pour un changement d’état civil libre et gratuit. Ces discriminations fragilisent les personnes trans dans tous les aspects de leur vie (logement, emploi, santé) et précarisent encore plus les personnes qui subissent déjà des discriminations à cause de leur couleur de peau, de leur classe sociale, etc.
L’inaction de l’état depuis de nombreuses années montrent bien l’indifférence et la normalisation de la transphobie. Ni au niveau législatif, ni en terme de formation et d’éducation les actions nécessaires n’ont été enclenchées.
Le gouvernement se doit d’être exemplaire contre la transphobie, en écoutant les associations trans de terrain qu’il ignore depuis des années, et dont il dénigre le travail en subventionnant des associations généralistes sur les enjeux trans.
Nous réclamons la reconnaissance de nos compétences dans l’accompagnement des personnes trans et de leurs parents, ainsi que des moyens concrets pour pouvoir continuer à travailler pour la défense de leurs droits.
Il est urgent d’enclencher des actions de formation au sein des institutions publiques et d’éducation des jeunes générations pour endiguer durablement la transphobie et la précarisation des personnes trans.