« Nos Corps Trans, Nous-mêmes »
Le 8 mars marque la journée internationale des luttes féministes, luttes marquées depuis plus d’un demi-siècle par une revendication lourde de sens : le droit à disposer librement de nos corps. Cette idée qui a littéralement animé l’ensemble du mouvement féministe contemporain reste pour nous, personnes trans, plus que jamais d’actualité.
Les groupes de conscience féministes des années 70 ont été l’occasion pour un grand nombre de femmes de se réapproprier un savoir et un pouvoir sur leur corps. Corps qui n’était qu’un objet de la médecine et de la reproduction. Le mouvement féministe a alors permis à nombre de femmes de devenir sujets de leur propre corps, et de développer un savoir féministe sur leurs propres corps. C’est cela que nous revendiquons aujourd’hui.
Nous, personnes trans, sommes des produits de la médecine. Un grand nombre d’entre nous prend des hormones, a recours à la chirurgie, modifie sa voix, etc. Nous sommes ainsi, bien souvent prisEs dans une relation de subordination vis-à-vis des systèmes médicaux et nous retrouvons trop souvent dans des situations de violence de la part de médecins. Combien ont été maltraitéEs pour obtenir une ordonnance ? Combien ont du être scrutéEs, touchéEs, expertiséEs pour avoir des papiers ?
Il est grand temps que nous devenions sujets de nos propres corps et que nous détruisions et repensions les dispositifs d’oppression qui nous entourent ! Nous avons, depuis plusieurs années, maintenant développé un réel savoir endocrinologique, médical et juridique sur nos corps et nos identités.
Loin de se limiter aux questions de santé, ce contrôle médical n’est pour nous que le reflet d’une ingérence politique globale sur nos corps et nos identités. Il n’est que l’expression de l’hétérosexisme, système politique faisant de l’hétérosexualité la norme, du sexisme la règle et des hommes et des femmes cisgenres les seuls sujets possibles.
Ainsi, nous réaffirmons notre droit à disposer de nos corps trans, et :
- nous demandons une totale liberté des personnes trans dans le choix de leurs parcours (choix du traitement hormonal, choix des chirurgies, etc),
- nous demandons la possibilité d’une modification de l’état-civil sans aucune condition préalable,
- nous exigeons que les agressions et discriminations transphobes soient reconnues par la loi au même titre que les agressions et les discriminations sexistes.
Nous n’oublions pas que les féministes cisgenres et les féministes trans ont un même combat : la lutte contre l’hétérosexisme !