FOREST : Fonctions et REprésentations des Sexualités Transmasculines

L’association OUTrans s’est alliée avec l’Université Lumière Lyon 2 pour donner naissance à FOREST (Fonctions et REprésentations des Sexualités Transmasculines), une recherche sur la santé sexuelle des personnes transmasculines. Cette recherche vise à pallier le manque d’études sur les personnes trans et leur santé, et tout particulièrement le manque de données sur les personnes transmasculines.

OUTrans et l’Université Lumière Lyon 2 sont associées depuis le début du projet, en 2021, avec l’écriture des objectifs de recherche et jusqu’à ce jour avec l’analyse et la diffusion des résultats. 

Son but est double : 

  • dans une perspective croisée entre professionel-le-s et personnes concernée, mieux comprendre la santé sexuelle des personnes transmasculines en France, afin de proposer des interventions adaptées et de contribuer à produire de nouvelles recommandations ; 
  • favoriser un transfert de compétences réciproque entre l’association et l’Université. 

Cette recherche est financée par l’ANRS|MIE et la DILCRAH. 

La recherche associe des personnes de plusieurs disciplines (psychologie, sociologie, archivistique) et de plusieurs ancrages (universitaire ou communautaire). L’équipe a associé des jeunes chercheur·e·s tout au long du projet par des stages et mémoires.

Débuté en février 2021, ce projet, financé par l’ANRS | MIE (Agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites virales devenue récemment ANRS | Maladies Infectieuses Émergentes), donne lieu à des projets de recherches multiples. Elle est aussi soutenue par un démarche d’archives ouvertes visant à rendre accessibles à tou·te·s sur le long terme les matériaux de la recherche. La DILCRAH encourage également ce projet en lui octroyant un financement, spécialement dirigé vers la démarche d’archivage.

Cette démarche communautaire inscrit cette recherche dans une collaboration proche et elle est basée sur les besoins identifiés par l’association.

Deux axes complémentaires

Pour bien comprendre la situation, FOREST a interrogé des professionnel·le·s du monde médical ou social qui accompagnent des personnes transmasculines dans leur parcours de santé, ainsi que des personnes transmasculines. Les entretiens ont été menées avec une méthode dite qualitative, c’est-à-dire des entretiens individuels et des entretiens collectifs (focus groups).

Professionnel·le·s médico-sociaux :

Auprès des professionnel-les, l’objectif est d’identifier les bonnes pratiques déjà mises en œuvre et de recueillir leurs recommandations pour l’accompagnement des personnes trans.

Treize professionnel·le·s ont été recruté sur la base des professionnel·les identifiés et dans les recommandations de l’autosupport d’OUTrans. Il s’agit d’un échantillon de convenance de personnes engagées dans l’accompagnement de personnes transmasculines. 

Les professionnel·le·s devaient être disponibles pour participer à un entretien, indépendamment de leur spécialité ou de leur durée ou lieu d’exercice. Parmi les 13 personnes interrogées (en visio ou en face-à-face), on dénombre :

  • 7 médecins généralistes,
  • 2 gynécologues,
  • 1 endocrinologue,
  • 1 sage-femme,
  • 1 travailleur·euse social·e,
  • 1 psychologue.

Sur ces 13, 5 exercent hors IDF et 8 en IDF. Au total, 8 personnes se définissent comme femme cis hétéro, 5 en tant qu’homme cis ou trans non-hétéro. 

Les entretiens ont été réalisés entre avril et mai 2021. Le Focus group en septembre 2021. 

Au total, cela représente environ 20 heures d’enregistrement.

Personnes transmasculines :

Auprès des personnes transmasculines les entretiens visaient à explorer les pratiques sexuelles et préventives des personnes transmasculines ainsi que les représentations et fonctions de la sexualité.

La diffusion de l’appel à recrutement s’est faite via réseaux sociaux et sites communautaires. Un total de 235 personnes se sont portées candidates pour un entretien, mais en raison des contraintes du projet (matérielles, humaines, temporelles, méthodologiques) un tirage au sort a été effectué pour réaliser 45 entretiens entre décembre 2021 et avril 2022. Cela représente 95 heures d’enregistrement.

Les 45 personnes ont été interrogées soit en face-à-face (lieu public ou domicile), soit en visio, selon la modalité de leur choix. 

La moyenne d’âge est de 27 ans pour des personnes ayant entre 19 et 43 ans. Iels résidaient majoritairement hors IDF (75%) et sont né-e-s en quasi-totalité en France métropolitaine (90%)

Même si la notion de début et de fin d’un parcours de transition est à prendre avec  précaution, 50% se disaient plutôt au début ou au milieu de leur parcours, quand l’autre moitié considéraient être plutôt à la fin ou d’avoir achevé leur parcours. Cette question permet de différencier les besoins qui diffèrent selon le parcours et aussi la proximité avec les associations qui tend à être plus forte en début de parcours. S’agissant du niveau de diplôme, 75% avaient plus qu’un bac, environ 50% considéraient que leur situation était financièrement juste et qu’iels devaient faire attention à leur budget, deux personnes ont éxercé le travail du sexe dans la dernière année.

Quels sont les rendus pour cette étude ?

En termes d’analyse, plusieurs pistes ont été priorisées et sont présentées ci-après pour valoriser cette grande quantité de données. D’autres pistes sont encore à explorer.

Article professionnel·le·s médico-sociaux

Un article sur les bonnes pratiques déjà mises en œuvre et les recommandations formulées par les professionnel·le·s interrogé·e·s pour améliorer l’accompagnement des personnes transmasculines. Cet article sera proposé à la revue Santé Publique.

Article prévention et recours au dépistage des personnes transmasculines

Selon les discussions du conseil scientifique et des équipes du projet et en lien avec le domaine d’intérêt du financeur, FOREST explore de manière prioritaire la question du recours dépistage du VIH et des autres IST et du rapport à la prévention des personnes transmasculines. L’idée est ainsi de mieux connaître les pratiques de dépistages mises en œuvre ou au contraire auxquelles les personnes transmasculines n’ont pas recours.

Article méthodologie de recherche

Sur la base d’un poster puis d’une communication orale présentés à des conférences de psychologie de la santé (AFPSA et EHPS), un article retrace le processus de la recherche et ses effets. Il y est notamment question des relations entre l’Université et l’Association, ainsi que de mener une recherche sur la santé trans selon qu’on est soi-même concerné ou pas.

Conférence de restitution communautaire

Sur la base des résultats scientifiques déjà produits, des restitutions communautaires sont organisées. Cela prend la forme d’une conférence permettant la participation de tous et toutes. Elle sont organisées dans les locaux d’OUTrans. Les résultats des recherches doivent rester accessible en ligne pour que toutes les personnes ayant participé à l’enquête puissent y accéder.

Qu’est-ce que le fonds d’archive FOREST et quels en sont les usages potentiels ?

FOREST s’inscrit dans une démarche de patrimonialisation de la recherche. Les données récoltées sont archivées, mais aussi tout ce qui concerne le processus de la recherche (protocole, documents officiels et administratifs, échanges de mails). Le but est de pouvoir comprendre ce qui a été fait et comment, pour refaire l’histoire de cette recherche dans de nombreuses années. Cette démarche est basée sur le consentement libre et éclairé des personnes à la recherche, des contrats ont été signés avec les personnes qui ont livré un témoignage. FOREST est confronté à des enjeux très importants de protection des personnes (professionnel·le·s qui négocie avec les limites des cadres législatif, comme les personnes transmasculines qui livrent des discours personnels et parfois sensibles). Cette démarche est accompagné·e·s par des archivistes professionnel·le·s de la Phonothèque, spécialistes des archives orales et des archives de recherche, au sein de la Maison méditerranéenne des Sciences de l’Homme. Ce fonds d’archive sera consultable uniquement sur place (MMSH et locaux d’OUTrans) sur autorisation motivée préalable et certains documents ne seront accessibles qu’après un délai de plusieurs décennies. L’ensemble des témoignages est pseudonymisé.


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